Je n’ai jamais été très forte en Histoire,
ça m’a toujours semblé confus, même avec les frises chronologiques je me perdais ! Mais j’ai fait un petit effort de concentration pour essayer de comprendre pourquoi on en est là avec nos règles.
Pour comprendre un peu les règles, ce qu’on en pense, dit et vit, il faut comprendre un peu ce qu’elles ont traversé dans l’Histoire, comment et pourquoi.
Je vais essayer ici de vous faire un petit résumé de mes recherches et interprétations, qui accompagneront peut être votre cheminement sur le sujet 🙂
Au commencement…
…nos ancêtres préhistoriques pratiquaient des rituels d’isolement, les 1ères règles (ménarches) étaient célébrées et expliquées aux jeunes par les anciennes. On peut raisonnablement penser qu’elles utilisaient le flux instinctif libre, ou de la mousse, pour gérer leur flux, les étoffes n’étant pas connues. Le rapport à la femme était très fort : elle est la matrice, créatrice de nouvelle vie, elle occupe une place importante dans la société.
Dans l’Égypte et la Grèce Antiques (à partir de -3150 av JC) et jusque pendant l’Empire Romain (jusqu’en 476 après JC), on utilisait papyrus, coton, herbes, lin ou laine enroulés autour d’un morceau de bois et inséré dans le vagin (un peu comme un tampon quoi !)
Autour de 350 av JC, Agnodice, une femme grecque, interessée par le corps féminin et probablement révoltée par l’ignorance des hommes sur le sujet, s’inscrit en école de médecine. Les femmes n’ayant pas le droit d’étudier la médecine à cette époque, elle fera toute sa scolarité sous un déguisement d’homme, sera diplômée et exercera, pour le plaisir de ses patientes !
Sa renommée grandissante et son secret toujours bien gardé, elle se fera dénoncée par ses confrères jaloux de sa notoriété : ce médecin aux traits fins profite certainement de son statut pour séduire ses patientes ! Obligée de dévoiler son genre véritable pour se laver de ces soupçons, elle risque de perdre son droit d’exercer. Mais c’était sans compter sur sa patientèle, qui se mobilise pour elle et affirme « préférer mourir plutôt que de recourir à un homme médecin » !
Elle a ainsi pu garder son droit d’exercer, et a même ouvert quelques portes pour un court instant : l’année suivante, une loi est promulguée qui autorise les femmes à étudier et pratiquer la médecine !
les années passent…
Puis, le dieu unique s’est imposé développé, l’image de la femme a considérablement changé, elle est pêché, doit enfanter (dans la souffrance) et éviter le plus possible d’avoir du plaisir. Donc, le sexe de la femme devient tabou, et y insérer des choses, impensable. On oublie la pratique du tampon, et on va même revenir au laisser couler : les étoffes sont chères et les sous-vêtements n’ont vu le jour qu’au 18è siècle.
A cette époque-là, du côté européen du moins, la religion gouverne, et elle n’est pas très clémente envers les femmes. Celles-ci sont donc reléguées au poste de matrice, faire des enfants pour assurer les lignées ou les vieux jours, ne pas trop étudier et éviter le plus possible l’indépendance.
L’image de la sorcière nait avec le développement de la religion monothéiste, très manichéenne. Les femmes doivent être sous contrôle, celles qui dévient sont indomptables et donc reliées au mal. Ainsi, les guérisseuses, qui aident à l’accouchement, connaissent et utilisent les plantes, et vivent souvent en marge et sans homme deviennent ennemies du « bien ». Elles seront décrédibilisées, persécutées et chassées : on est dans le Moyen-Age tardif et la Renaissance.
Mais je m’égare…
Les règles à cette époque sont toujours taboues, les femmes portent de grands jupons qu’elles utilisent pour s’essuyer lors de leurs périodes. En avançant un peu dans le temps, la « ceinture en caoutchouc » voit le jour : un dispositif s’enfilant autour de la taille avec un système pour accrocher des linges et les passer entre les jambes. L’ancêtre de la culotte menstruelle a vu le jour en 1800 !
A la fin de ce siècle, les protections jetables ont commencé à voir le jour, mais à des prix pas accessibles à toutes, et surtout pas à la vue de tous : il fallait les demander au commerçant…autant vous dire que les ventes n’ont pas explosé !
En 1936, le Dr Haas propose un tampon menstruel jetable et en 1937 Leona Chalmers conçoit une coupe menstruelle !! Mais, la réticence à toucher à ses parties intimes étant bien ancrée depuis le Moyen Age et les publicités sur l’intimité féminine étant interdites, ces deux procédés n’ont pas trop marché.
Après la 2nde guerre mondiale, les industriels s’y sont un peu plus franchement penché, le tabou s’est un peu levé, et l’appât du gain s’est éveillé 😉 (bah oui, un truc qui revient tous les mois et touche presque toutes les femmes, ya sûrement moyen d’en tirer bénéfice…).
Les femmes ayant (presque) retrouvé un statut dans la société, on se soucie un peu plus de leurs besoins (ceux qui sont vraiment nécessaires, une cuisine équipée ça ne compte pas..!).
Ainsi, on retente l’expérience des tampons, avec ou sans applicateur, on développe les serviettes jetables et on fait un paquet d’études pour appuyer les bienfaits de ces produits.
C’est à ce moment-là qu’on va briser transformer le tabou des règles : ok on en parle, parce que ça rapporte de l’argent, mais pas trop quand même, et pas en trop vrai, ça reste quand même un peu…beurk…
Et on se retrouve avec des publicités qui nous présentent du sang bleu, des nez qui hument des parfums de fleurs et des produits plus blancs que blancs : la propreté ! Celles qui utilisent des dispositifs lavables sont donc sales et seront plus sujettes à des problèmes de santé, comme le syndrome du choc toxique, les irritations, les mycoses, les cancers, l’infertilité…
Alors qu’on voudrait plutôt voir des publicités comme ça !
C’est fou comme la société peut nous manipuler non ?
Ces histoires de maladies feront l’objet d’un autre billet, parce qu’il y en a aussi des choses à dire 🙂
J’espère que cette petite lecture vous a plu, pour rester dans le thème, avec ou sans humour, voici quelques liens qui m’ont aidés dans mon éveil et mes recherches :
- une archéologue qui vulgarise un peu tout ça dans l’histoire
- le musée des menstruations, un artiste anglais passionné (accrochez-vous, c’est dense !)
- le super bouquin de Mona Chollet « Sorcières, la puissance invaincue des femmes«